«La femme, sa condition, son pouvoir, sa valorisation ou sa destitution dans les diverses sociétés: voilà un sujet qui nous préoccupe tous, qui que nous soyons, partout dans le monde. C’est sans doute pour cela que les Nations Unies ont déclaré que le 8 mars était la «journée internationale des femmes», reconnaissant ainsi le rôle central que les femmes occupent dans nos sociétés, à la fois dans le monde du travail, dans la transmission des valeurs et de la culture et dans l’épanouissement de la cellule familiale. En 2008, lorsque j’ai commencé à m’intéresser aux sociétés matrilinéaires, j’étais loin de m’imaginer la richesse et la diversité des communautés que j’allais rencontrer à travers le monde. Je ne pouvais pas non plus m’imaginer qu’elles étaient si nombreuses à être totalement gérées, organisées, structurées par les femmes. Je parle volontairement de matrilinéarité, et non de matriarcat, car le matriarcat renvoie à un type de sociétés dans lesquelles les femmes domineraient absolument tout, y compris le politique et le social, alors que justement, le politique reste la plupart du temps le domaine des hommes. Deux imminents anthropologues français, Claude Levy Strauss et Françoise Héritier (que j’avais contactée dès le début de mon travail, et qui m’a guidée et soutenue), ont démontré dès 1952, qu’il existe des sociétés où les femmes occupent une place centrale et déterminante: des sociétés matrilinéaires et matrilocales. Au cœur de ces sociétés, où elles jouent un rôle central socio- économique, elles transmettent leur nom, leur héritage et leurs terres à leurs descendantes. Mais les hommes continuent de posséder le pouvoir politique. C’est pourquoi tous deux soutenaient que la notion de matriarcat (défini comme étant le renversement de la domination masculine), est une «figure mythique, qui n’a jamais existé dans les faits». À titre d’exemple: dans une société matrilinéaire, c’est la femme qui détermine le lignage et qui possède et transmet la possession des terres. Ce sont donc les «lignées de femmes» qui forment la base et l’ossature de la société. Dans une société matrilocale, c’est l’homme qui intègre le foyer féminin et non l’inverse. Les enfants sont membres du clan de la mère et élevés par elle, mais l’oncle maternel est le tuteur des enfants. Le père biologique ne joue donc aucun rôle auprès de ses propres enfants tout en ayant un rôle d’autorité à jouer sur les enfants de sa propre sœur. Les femmes que j’ai rencontrées en Chine, en Indonésie, au Mexique ou au Kenya, expriment leur tradition matrilinéaire ou matrilocale de façons très diverse. Mais partout dans le monde, elles partagent la même inquiétude: la volonté d’uniformisation des sociétés dominées par les hommes. Affaiblies par les discours souvent nihilistes des missionnaires de toutes confessions, elles affrontent aujourd’hui la mondialisation culturelle et le tourisme de masse qui réduit leur force depuis des millénaires à une curiosité touristique. Comment ces micros communautés vont-elles résister à la puissance du pouvoir patriarcal? Les nouvelles générations au centre de communautés matrilinéaires, ont-elles un avenir? Les pouvoirs locaux ont-ils la volonté de les respecter et de les protéger? Dans nos sociétés modernes l’égalité des sexes est encore loin d’être acquise. L’image de la femme reste celle du «sexe faible» où que l’on se trouve. La femme est aussi bien instrumentalisée par le voile noir intégral que des obscurantistes lui imposent que par l’exploitation de son corps nu, dans des sociétés de consommation effrénées et hypocrites, qui se permettent avec l’image de la femme ce qu’elles s’interdisent avec les hommes.»
Nadia Ferroukhi
Algérie. La Targuia (femme Touarègue) est libre. Elle dirige de main de maître sa tente nomade. En cas de rupture ou de décès, elle repart avec ses enfants, toute sa dot, la tente qu’on a construite et même les chamelles ou les animaux que lui a laissé son père.
Ces femmes Navajo travaillent dans la carrière de charbon du coin. Elles gagnent décemment leur vie et sont totalement indépendantes. Dans la réserve, les femmes sont généralement plus actives que les hommes, et il n’est pas rares qu’elles reprennent leurs études tardivement même après avoir eu des enfants.
La polygamie est autorisée et répandue à Grande Comore. La particularité ici, est que même dans les couches sociales les plus basses, les femmes ne vivent jamais toutes sous un même toit et chacune possède sa propre maison. C’est alors l’homme qui se déplace pour visiter l’une ou l’autre de ses épouses.
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