Photographe
Harry Gruyaert
Jusqu’au 22 septembre 2019
Hôtel Départemental des Arts du Var
Toulon
Toutes les photos: ©Harry Gruyaert/Magnum Photos
Dans le cadre des Rencontre d’Arles, l’ancien siège de la sous-préfecture de Toulon héberge pendant trois mois les photographies d’Harry Gruyaert. L’espace lumineux et aéré met en valeur le travail de l’un des plus grands coloristes de sa génération qui a démarré sa carrière à une époque où le noir et blanc régnait en maitre et où photographier en couleur était souvent considéré comme vulgaire ou trop commercial. Gruyaert va pourtant s’engager dans cette voie et sillonnera le monde pour saisir les couleurs des pays qu’il visite: Inde, Etats-Unis, URSS, et surtout Maroc où il retournera de nombreuses fois. Ne se revendiquant pas comme journaliste ou photographe humaniste, influencé par le cinéma et la peinture, le photographe conçoit à l’intuition des images où la lumière, les gens, l’architecture et les paysage sont tous traités de la même manière dans des compositions d’une remarquable qualité. Avec Saul Leiter, William Eggleston ou Joel Meyerowitz, il fait partie de ceux qui ont donné leurs lettres de noblesse à la photographie couleur. Plus intéressé par les faubourgs que par les monuments, les couleurs primaires saturées et les ombres marquées sont la signature de son œuvre. Les gens y sont présents mais souvent réduits à des silhouettes, simples éléments constitutifs de l’organisation maitrisée des éléments. Chaque salle de l’exposition est consacrée à un pays ou à un thème dont le plus remarquable est sans doute celui de ses «rivages» qui montre sa réelle attirance pour les bords de mer où des ciels sombres et nuageux touchent une mer grise, entre drame et sérénité, dans une évocation certaine de la peinture flamande. A signaler également les deux séries «West» et «East» consacrées d’une part à son travail réalisé aux Etats Unis en 1981, reflet d’une Amérique toute en couleurs vives et celui de 1989 en URSS tout en vert et bleu, créant une opposition troublante et révélatrice. On découvre également des photos noir et blanc réalisées en Belgique, travail essentiel mais peu connu de l’auteur qui avoue avoir découvert tardivement que son pays d’origine possédait une vraie couleur, le gris. En complément, des vidéos présentent ses séries faites avec ses filles, en Irlande ou dans des aéroports entre deux voyages, sentiment d’être à la croisée de deux monde, comme dans un temps suspendu.