LâENTRETIEN VIDĂO
LE TOUR DâUN MONDE,
une exposition pour donner le goût des autres
Rencontre avec Nicolas Henry
Câest rue du Cheval blanc, Ă Pantin par une belle matinĂ©e fraĂźche et ensoleillĂ©e quâa lieu le rendez-vous. Nicolas Henry arrive aprĂšs avoir pĂ©dalĂ© pendant 3/4 d’heure depuis sa lointaine banlieue. Heureux de son exploit, tout sourire il nous invite Ă pĂ©nĂ©trer dans son atelier. Une cathĂ©drale plutĂŽt, tant lâendroit est vaste et haut de plafond. LĂ sont dispersĂ©s sur des centaines de mĂštres carrĂ©s un bric-Ă -brac inouĂŻe. Depuis 4 mois il travaille avec son Ă©quipe et des bĂ©nĂ©voles dâEmmaĂŒs Ă la prĂ©paration et au montage des installations monumentales qui bientĂŽt occuperont tout lâespace de la place du Palais Royal. Ici deux couturiĂšres, lĂ des menuisiers. Dans un coin, un mini studio dâanimation ou sâaffairent deux jeunes gens. Des ordis un peu partout et surtout, entreposĂ©s ici et lĂ , les Ă©lĂ©ments fait de tissus, de branchages et dâustensiles divers. Un univers de chiffonniers. Le portable de Nicolas Henry vibre avec la rĂ©gularitĂ© du mĂ©tronome. Mille problĂšmes surgissent. Il faut trouver urgemment des nouvelles aiguilles pour les machines Ă coudre, une livraison attendu dans la matinĂ©e sera en retard. Rien de tout cela nâentame la concentration et la disponibilitĂ© de cet artiste, rompu depuis des annĂ©es Ă ce genre dâexercice. Sa biographie fait foi. Enfin posĂ©, le voici.
La genĂšse de lâexpo
«Quand on a rencontrĂ© EmmaĂŒs, il y a un an Ă peu prĂšs, jâai dĂ©cidĂ© avec eux quâon allait faire une grande expo pour leurs 70 ans. Pour moi, la chose importante, câĂ©tait de prĂ©senter EmmaĂŒs. Les gens ne savent pas ce que câest EmmaĂŒs! Pour certains ce sont des chiffonniers. Pour dâautres, une organisation catholique crĂ©e par lâabbĂ© Pierre⊠Tout le monde a une idĂ©e. En fait EmmaĂŒs, câest un label qui fĂ©dĂšre des communautĂ©s. Il y en a 280 en France. Et dans ces 280 communautĂ©s dâEmmaĂŒs France il y a effectivement beaucoup de chiffonniers. Ils recyclent et ont intĂ©grĂ© lâĂ©conomie circulaire depuis 70 ans. Câest incroyable! Et ils vivent en communautĂ©. Câest insensĂ© parce quâon se dit «Câest un truc de hippie, genre tu vis ensemble, etc.» Et en mĂȘme temps, ça fait 70 ans que ça dure et ils lâont fait avec les bras cassĂ©s du coin. Ils ont aussi des fermes de rĂ©insertion pour les prisonniers, avec SolidaritĂ©s, ils gĂšrent les camps de rĂ©fugiĂ©s en France. Ils ont aussi une section habitat avec la Fondation AbbĂ©-Pierre. Câest un Ă©norme organisme. Le cĆur câest la valorisation du âsoiâ. Ils sâoccupent rĂ©ellement de cette sociĂ©tĂ© marginale qui est vraiment en fracture. CâĂ©tait un honneur de travailler avec elle.»
Le mode opératoire
«EmmaĂŒs ne voulait pas dâune reprĂ©sentation classique, celle du modĂšle qui pose dans son univers avec le texte Ă cĂŽtĂ©, lâarchĂ©type attendu. Câest pour ça quâils ont fait appel Ă moi, pour mon univers baroque fait dâobjets. On a dĂ©cidĂ© ensemble de crĂ©er un univers original. Ce qui nous a intĂ©ressĂ©, câest de repĂ©rer des acteurs dâEmmaĂŒs. Ils sont 28 000, je crois. On a cherchĂ© un certain nombre de profils et dâhistoires qui sont symboliques et extraordinaires. On en a trouvĂ© 17. Des personnages marquants! Et on a construit 17 tableaux Ă partir de leurs histoires. Jâai mis en scĂšne, en studio, des fresques gĂ©antes sur un espace qui fait 12 mĂštres par 18. Lâhistoire est racontĂ©e avec des milliers dâobjets EmmaĂŒs. Je passe toujours par le dessin pour mes compositions, je reprends toujours les codes de la composition. LĂ , on sâest beaucoup amusĂ© Ă utiliser la perspective classique. Ce qui est important dans les mises en scĂšne, câest de rencontrer un monde imaginaire et dâamener les gens dans ce monde. Dans ce travail, jâai additionnĂ© lâimaginaire avec le monde dâEmmaĂŒs. Et ça rejoint aussi lâenfance puisque je crĂ©e des espaces symboliques comme les enfants quand ils jouent. Un tapis va devenir la mer, une bouteille câest une montagne. VoilĂ , on invente et on y croit. Et moi jâutilise le mĂȘme artifice et jâen fais un artifice artistique. Jâutilise le mĂ©dium photographique, mais en fait câest plus proche de la peinture dans le geste. Je pose mon cadre et il ne bouge plus.»
Artiste? Photographe?
«La photo finalement, câest un prĂ©texte pour avoir des Ă©motions esthĂ©tiques. Et pour moi, câest aussi un prĂ©texte pour raconter le monde. Jâai une vie trĂšs particuliĂšre. Aujourdâhui jâai deux enfants, de 2 ans et 4 ans. Ma femme est aussi photographe et on voyage ensemble. On part en expĂ©dition avec 400 kg de matĂ©riel, on est 7 personnes, les assistants, la nounou⊠On va sâinstaller assez longtemps pour devenir les passeurs des communautĂ©s quâon rencontre. Ce qui est hyper important, câest dâavoir pu concilier une vie familiale avec lâunivers de la crĂ©ation et de partager tout ça ensemble. Câest une chance qui nous permet dâavancer et de construire ensemble. Câest un mode de vie qui est incroyable et câest un vrai gĂ©nĂ©rateur de bonheur.»
Propos recueillis par JJ Farré
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Katia a Ă©tĂ© salariĂ©e en insertion chez Fripe EmmaĂŒs Reims pendant deux ans.
«Je me suis mariĂ©e Ă 15 ans. Nous avons eu cinq enfants. Mon mari Ă©tait trĂšs violentâŠĂ§a a durĂ© longtemps. Jâai rencontrĂ© un autre homme et jâai donnĂ© naissance Ă un sixiĂšme enfant. Mais cette relation nâa pas durĂ© et je me suis retrouvĂ©e mĂšre cĂ©libataire et sans emploi. A Reims, jâai dĂ©couvert EmmauÌs. Ils mâont proposĂ© du travail dans leur centre de tri de vĂȘtements. Ils ont renouvelĂ© mes contrats pendant deux ans, tout en mâencourageant Ă passer en parallĂšle mon CAP de blanchisserie. JâĂ©tais tellement fiĂšre de dĂ©crocher ce diplĂŽme! Moi qui nâai mĂȘme pas achevĂ© mes Ă©tudes au collĂšge. GrĂące Ă tout ça jâai obtenu un emploi au CHU de Reims. Je suis heureuse pour mes enfants. Ils sont tout pour moiâŠÂ»
Mavin a vĂ©cu pendant 5 ans dans le centre Championnet dâEmmauÌs SolidaritĂ©, dans le 18Ăšme arrondissement de Paris.
«Je suis poĂšte et ivoirien, passionnĂ© par LĂ©opold SĂ©dar Senghor. Jâai quittĂ© mon pays Ă lâĂąge de 41 ans. Jâai traversĂ© les guerres du continent africain puis la MĂ©diterranĂ©e sur une embarcation de fortune, avant de mâinstaller en France. EmmauÌs a Ă©tĂ© comme un tuteur pour moi, un soutien trĂšs important. Ils mâont hĂ©bergĂ© pendant plusieurs annĂ©es. Depuis mon dĂ©part je continue Ă participer
Ă la plupart des activitĂ©s proposĂ©es Ă lâAgora dâEmmauÌs SolidaritĂ©, surtout les activitĂ©s musique et théùtre. LâĂ©criture est un exutoire. Jâai repris confiance en moi aprĂšs mon spectacle de Slam et je prĂ©pare aujourdâhui la publication de mon premier ouvrage en France.»
Nicolas est salariĂ© en insertion depuis un an chez Label EmmauÌs, le site de e-commerce solidaire dâEmmauÌs.
«Jâai passĂ© des annĂ©es dans un monde parallĂšle, hors de la sociĂ©té⊠Musicien libertaire, jâai choisi de vivre une vie radicale, engagĂ©e, anarchique, un peu comme un grand voyage. Jâai Ă©tĂ© bassiste pour des groupes de rock ou dâĂ©lectro comme les Wampas ou Sporto Kantes, de longues annĂ©es durant lesquelles la musique mâa fait vivre des moments de grĂące, oĂč jâai eu le sentiment dâexplorer des cosmos et des stratosphĂšres encore inconnus. Quel bonheur câĂ©tait dâĂȘtre capable dâĂ©mouvoir les gens et de faire rĂȘver! Mais les annĂ©es passant, la vie est devenue compliquĂ©e, peut-ĂȘtre un peu trop marginale, au point de sây perdre. Jâai alors trouvĂ© EmmauÌs, grĂące auquel jâai pu me remettre debout, trouver un travail et une nouvelle famille.»
SaĂŻkhan et sa femme Bolor se sont installĂ©s Ă la communautĂ© EmmauÌs de RĂ©dĂ©nĂ© en Bretagne.
«A lâhĂŽpital dâOulan-Bator, le mĂ©decin a Ă©tĂ© clair, ma femme allait mourir de sa maladie du foie. Il nây avait pas en Mongolie les savoirs et technologies nĂ©cessaires pour la soigner. Des touristes mâavaient parlĂ© Ă plusieurs reprises de la mĂ©decine accessible Ă tous en France, alors jâai vendu ma maison, ma voiture et tous mes biens pour acheter deux billets dâavion pour la sauver. JâĂ©tais persuadĂ© que nous serions accueillis Ă bras ouvert. Mais nous nâavons connu que la rue et la prĂ©caritĂ©. Un jour, lors dâune rencontre fortuite avec un compatriote, jâai entendu parler dâEmmauÌs. AprĂšs des dizaines de courriers
envoyĂ©s dans toute la France, une communautĂ© bretonne nous a finalement offert lâhospitalitĂ©. Aujourdâhui jây suis menuisier. Ma femme est sauvĂ©e, elle a encore besoin de soins et ne pourra pas avoir dâenfants, mais jâai pu accomplir mon devoir amoureux.»
Scolasthique et Marguerite sont toutes les deux hĂ©bergĂ©es au centre Montesquieu dâEmmauÌs SolidaritĂ© Ă Paris.
«Jâai Ă©tĂ© une «grande» infirmiĂšre au Cameroun, ce que jâaime câest mâoccuper des autres. Je suis arrivĂ©e en France en 1985 et pendant 30 ans jâai pris soin des personnes ĂągĂ©es isolĂ©es. Jâai une toute petite retraite et jâai eu des problĂšmes de santĂ©, jâai fini par me retrouver Ă la rue⊠Jâai Ă©tĂ© recueillie par EmmauÌs et jâai rencontrĂ© mon amie Marguerite. Je lâai soignĂ©e et moi, grĂące Ă elle je me suis remise Ă chanter et jâai oubliĂ© la violence de la rue. Aujourdâhui câest Marguerite qui prend soin de moi et nous avons Ă©tĂ© pendant longtemps les deux piliers de la chorale dâEmmauÌs SolidaritĂ©!»
Histoire dâune photo
Rencontre avec Rachel et Hendrik
Le centre de Paris se trouve aux Halles. Quand on habite la capitale, impossible dâĂ©chapper Ă ce lieu oĂč des milliers de gens se croisent quotidiennement sans sâarrĂȘter. Dâautres y sont Ă demeure. Ils sont SDF. Rachel et Hendrik se sont connus dans le coin. Avec leur chien HomĂšre, ils vont dâun groupe Ă lâautre et passent leur journĂ©e ainsi et dorment «quelque part par là ». Rachel parle (beaucoup) et Hendrik approuve. Ils ont vĂ©cu chacun de leur cĂŽtĂ© «une vie dâavant», travaillaient, avaient un toit. Câest en pleine conscience quâils ont choisi de vivre ainsi. Ils sâaiment, aiment leur libertĂ©, leur mode de vie. Ils sont aussi des fidĂšles du centre dâaccueil dâEmmaĂŒs SolidaritĂ©s qui Ă pignon sur rue dans le quartier. LĂ , ils prennent leur cafĂ© le matin, font leur toilette, Ă©coutent les infos. Câest par leur entremise qu’ils ont participĂ© Ă lâaventure proposĂ© par Nicolas Henry. Une rĂ©vĂ©lation mutuelle. RĂ©cit.
Comment avez-vous rencontré Nicolas Henry?
EmmaĂŒs nous avait suggĂ©rĂ© de nous prĂ©senter, Hendrik et moi, Ă un casting pour un film de fiction avec Catherine Frot comme actrice principale. Nous devions jouer notre rĂŽle, Ă savoir SDF dans une scĂšne. Dans ce mĂȘme casting, une salariĂ©e dâEmmaĂŒs nous a dit quâil y avait un photographe qui cherchait lui aussi Ă rencontrer des gens de la rue comme nous. Il nous a fait voir ses photos que lâon a trouvĂ©es extraordinaires. Le courant est tout de suite passĂ© entre nous. Il y avait de trĂšs belles images de ses travaux prĂ©cĂ©dents posĂ©es sur la table. Des images trĂšs originales. Il nous a demandĂ© de nous raconter et Ă partir de ce rĂ©cit voir sâil Ă©tait possible de crĂ©er une photo. Une photo de notre vie. Nicolas voulait tout savoir de nous. Avant et maintenant. Il a retenu deux ou trois Ă©lĂ©ments qui lui semblaient fondamentaux. Ce qui lâa intĂ©ressĂ© vraiment, câĂ©tait notre histoire sentimentale. Le fait quâon puisse choisir de basculer dâun monde Ă l’autre ça lâintriguait vraiment. Par exemple Hendrik, normalement il est bibliothĂ©caire donc il a une culture immense et puis un jour il a dĂ©cidĂ© d’ĂȘtre Ă©crivain âcomme sâil n’y avait pas suffisamment de livresâ (rires) et il a dĂ©cidĂ© d’Ă©crire et faisant cela il a choisi la rue. Cette libertĂ© artistique quâil sâest choisie, câest important pour lui. Ăa, ça intĂ©ressait particuliĂšrement Nicolas et aussi le fait que moi-mĂȘme, jâai dĂ©cidĂ© de faire une croix sur le monde matĂ©riel pour vivre auprĂšs de lui dans un monde diffĂ©rent. Il a tout de suite dit: «mais ça me parle vraiment. Jâai vraiment envie de faire cette photo avec vous.» Il Ă©tait trĂšs heureux de nous avoir rencontrĂ©s, parce que justement notre histoire est un petit peu joyeuse dans un monde qui ne lâest pas forcĂ©ment.
Comment sâest passĂ© la prise de vue?
La journĂ©e a Ă©tĂ© exceptionnelle. La photo a dĂ©butĂ© vers midi, le temps de nous expliquer tout ça, jusqu’Ă 7 heures du soir. On a dĂ©couvert Ă la fois son atelier, sa façon de travailler âcâĂ©tait trĂšs drĂŽleâ il avait un assistant pour les lumiĂšres et une jeune fille aussi pour dĂ©placer les Ă©lĂ©ments du dĂ©cor qui Ă©taient dĂ©jĂ posĂ©s au sol. Il avait composĂ© cette image avec deux arbres de chaque cĂŽtĂ©. Au centre il y avait un chien fabriquĂ© avec des manteaux de fourrure. Câest HomĂšre notre chien et ça câĂ©tait trĂšs important pour nous. Il y avait aussi des mains dĂ©coupĂ©es qui symbolisaient des feuilles et ces mains tombaient comme des feuilles dâautomne et dâautres mains repoussaient pour indiquer la renaissance de la relation humaine, un symbole des alĂ©as de la vie et ça formait une composition magnifique, faite de bouts de tissus, de linge, de fagots de bois. Il nous a demandĂ© de nous asseoir, en rĂ©alitĂ© on Ă©tait allongĂ© sur le sol comme si on Ă©tait assis sur un cheval. Et ça c’Ă©tait trĂšs drĂŽle. Il a fallu faire beaucoup de prises parce que la lumiĂšre nâĂ©tait pas bonne Ă cet endroit ou Ă un autre. Il lui fallait rectifier, composer avec une autre zone, etc. On a pris conscience que c’Ă©tait un travail trĂšs complexe dont on n’avait pas du tout idĂ©e au dĂ©part. Puis Ă un moment, il nous a montrĂ© les premiers rĂ©sultats. On Ă©tait complĂštement Ă©bahi! Le rĂ©sultat Ă©tait extraordinaire.
Quels sentiments vous inspire cette Ćuvre?
C’est extraordinairement poĂ©tique. Quand nous lâavons rencontrĂ© pour la premiĂšre fois, nous avons parlĂ© de poĂ©sie. Mais il a ajoutĂ© un aspect fĂ©erique supplĂ©mentaire. Cette image est Ă la fois joyeuse et irrĂ©aliste. Sortie de la rĂ©alitĂ©. On lit quelque chose quâon nâarrive pas Ă comprendre et en mĂȘme temps tous ces camaĂŻeux de bleu, de vert, ces tissus assemblĂ©s forment notre histoire. Mais pas seulement. Câest toute son aventure artistique que lâon partage et pour laquelle nous avons Ă©tĂ© des acteurs et heureux de lâĂȘtre. Câest beaucoup plus quâune photo pour nous.
Propos recueillis par JJ Farré
Post-scriptum : Quelques jours aprÚs, Rachel nous a envoyé ce petit message.
Je voudrais te dire aussi quelques impressions ressenties par Hendrik au cours de lâinterview, Ă propos de la rencontre avec Nicolas Henry, il mâen parlait le soir aprĂšs lâinterview avec toi, et ça me semblait intĂ©ressant, peut ĂȘtre souhaiteras tu lâintĂ©grer Ă ton texte?
Dans le passĂ©, Hendrik Ă©tait lui mĂȘme photographe (amateur) et avait son propre labo dans une piĂšce de son appartement, Ă Munich. Il avait notamment fait une photo dâun monument Ă New York, une sorte d’Atlas portant le monde, devant un building cĂ©lĂšbre, le Rockefeller center? je sais plus, mais le monde portĂ© par l’Atlas Ă©tait transparent, et se reflĂ©tait sur lâimmeuble de verre, lui aussi transparent, bref, il en parle souvent, de cette photo. Il disait que ce quâil avait aimĂ©, dans Nicolas Henry, câest son travail avant la photo elle mĂȘme, quand il rencontre les gens et sâintĂ©resse Ă leur histoire, avant de proposer les idĂ©es dâune image (=dĂ©cor). Pour lui ce travail prĂ©alable est trĂšs important car par exemple, quand Hendrik Ă©tait en voyage en Egypte, il Ă©tait copain avec un photographe qui avait sa propre Ă©cole (le nom est Silver je crois) qui disait quâil faut toujours quâune photo sâinscrive dans une histoire sinon elle perd son sens, sa valeur artistique en bref… et il Ă©tait parti sur un site Ă©gyptien avec un copain du National Geographic, je sais pas si câest la mĂȘme personne. Ensuite, dans la photo rĂ©alisĂ©e par Nicolas, il se retrouve immĂ©diatement: le grand chien reprĂ©sente un cheval, ce qui veut dire le voyage, pour lui. Le vrai chien Ă lâarriĂšre reprĂ©sente la confiance (de lâanimal Ă son maĂźtre), et les arbres qui perdent et voient renaĂźtre leurs feuilles symbolisent les saisons, câest Ă dire le temps qui passe et lâinscription dans la durĂ©e, et enfin la maison est lâavenir, au bout du chemin. Bref, voyage, confiance dans le temps et dans l’avenir, câest tout ce quâil a ressenti dans la photo (et quâil ressent lui mĂȘme depuis qu’il a son chien!) car n’oublions pas que le chien sâappelle HomĂšre (symbole du voyage) et quâil est au centre de la photo! Bref, Hendrik aime cette photo parce qu’il se sent en accord avec elle.
Bonne soirée et à bientÎt, Rachel
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